Le mois de mai fut passionnant mais m’a laissé peu de temps pour publier ! Il a été l’occasion de quelques séjours en France et en Inde destinés à explorer le marché de la méthanisation.
Un marché en croissance forte, très soutenu par le gouvernement, dans lequel chacun se débat et innove pour trouver la piste de la rentabilité et transformer les principes excellents sur lesquels reposent la méthanisation en projets durables et soutenables.
A 6 000(e) le kW installé, les installations françaises sont encore trop chères pour être rentables sans un double soutien des pouvoirs publics. Pour le financement de l’investissement d’abord, par des aides essentiellement de l’ADEME mais aussi des collectivités locales. Et par des tarifs de rachat très avantageux qui peuvent atteindre 200(e) le MWh dans les « meilleurs » projets, en particulier ceux qui font un usage optimal de la chaleur dégagée par les unités de cogénération.
Le « modèle » français ne favorise pas les cultures dédiées, mais s’oriente de plus en plus vers des usages énergétiques de la méthanisation. Les grandes tendances sont la réflexion autour de la réinjection du gas, plutôt que sa transformation en électricité ; le soutien aux projets à la ferme, qui doivent passer de 140 à 1 000 projets d’ici 2020 (soit tout de même 130 nouveaux projets chaque année !) ; et quelques projets de « territoire » qui visent une autonomie plus ou moins complète du territoire en énergie renouvelable. On en compte qu’une vingtaine en France aujourd’hui mais ces projets aux substrats en général complexes, avec des puissances plus importantes (1 à 2MW installée, 20 à 30 000 tonnes traitées par an en moyenne), ont le vent en poupe.
Bref, malgré le très faible nombre d’installations à ce jour (moins de 400 pour 311MWe installé), il y a beaucoup d’intelligence en jeu, une armée de petites boites avec peu d’expériences mais beaucoup d’envie, des produits qui commencent à se standardiser, un écosystème qui se met en place, quelques groupes de pression actifs… ça vaut le coup de s’y intéresser ! Et de croire, pourquoi pas, aux pronostics les plus optimistes, qui estiment que le biogaz pourrait bien représenter un cinquième de la production française en 2030, que ce soit dans le réseau ou pour les véhicules.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus, le livre blanc du club Biogas est un excellent support d’explication et de promotion.