J’ai bien conscience de la futilité de publier des informations sur la situation des déchets à Oman dans le contexte dramatique du moment. Mais bon, faut bien se raccrocher à des fondamentaux en ces moments de doute, et la crise syrienne ou irakienne ne m’a pas empêché de poster en 2014 et je me (re) lance donc pour 2015.
Une très jolie photo prise par moi même au Wadi Jizzi, avec du joli plastique à l’entrée du joli wadi
A propos de futilité, j’ai été étonné pendant ces vacances à Oman du « succès » de post relatifs à des bronzettes, des plages, du camping, comparé à la popularité somme toute limitée de mes posts sur le biogaz, pourtant technologie promis à révolutionner le monde comme vous le savez ! Je tente aujourd’hui un exercice qui fera date sur la psychologie des foules en parlant d’un même pays (Oman), vu du point de vue des déchets, après avoir consacré mes 15 jours de vacances à n’en parler que du point de vue des petits poissons et des jolis wadis ! Car oui, si Oman a de jolis poissons et de grands wadis, et que son dirigeant, Qaboos bin Said al Said, a une réputation de sultan libéral et écolo, il détient aussi, comme ses voisins, des records de kilo de déchets émis par habitants. Plus de 1.2kg par jour, et par habitant soit quasiment 2 millions de tonnes de déchets par an pour les 3,9 millions d’habitants (une toute petite fraction toutefois des 150 millions de tonnes produites chaque année au moyen orient, et moins que les UAE, l’Arabie Saoudite, le Koweit ou Bahrein qui rentrent dans le top 10 des pays émetteurs), composés à plus de 40% de matériaux recyclables. La vision des déchets dans les wadi confirme la statistique, une tonne de déchet sur cinq, c’est du plastique. Heureusement que l’Inde en est à moins de la moitié, ça poserait de sérieux problème de collecte. Collecte qui, justement, n’est que très imparfaitement assuré à Oman également. Côté traitement, le site d’Al Amerat, construit en 2011 sur 9 hectares, comprend 5 cellules pour traiter 10 million de m3 de déchets. C’est un site « modèle », avec traitement de lixiviats et tout le tintouin, qui devrait être répliqué dans 13 autres emplacements et peu à peu remplacer les 350 dumpsites gérés aujourd’hui par les municipalités. Tout ça est très bien décrit par Salman Zafar dans le très bon blog d’ECOMENA. Côté méthanisation, pas grand chose à se mettre sous la dent aujourd’hui. Mais un grand espoir avec ce projet de « méga-poultry » à 200M d’euros. Ca va en faire de la fiente à méthaniser, même si ces projets de fermes géantes, que ce soit en Arabie Saoudite ou dans les Etats du Golfe, sont toujours assez impressionnants. Et peut être un espoir que la baisse du prix du pétrole invite Oman et ses voisins à s’intéresser davantage à d’autres types d’énergie disponibles dans leurs poubelles.