Avant d’évoquer dans ce post un « grand » et fameux entrepreneur convaincu lui aussi qu’il serait dommage de passer à côté de la transformation de la « shit » en « gaz », je voudrais ici saluer Saly, une jeune entrepreneuse que j’ai été rencontré hier à Tripoli. En plus d’animer le club des entrepreneurs tripolitains, Saly est la co créatrice de Greenways, une entreprise qui trie, tous les jours, 6 tonnes de déchets lui provenant de petites municipalités, d’écoles, de restaurants des environs, dans une petite installation proche du port. S’il y a bien une chose que je sais faire, c’est reconnaître un entrepreneur quand j’en ai un en face de moi, et apprécier cette impression d’évidence, de force tranquille, de confiance dans sa vision, de focus dans son exécution, de clarté dans sa proposition de valeur. Leur site ne rend pas hommage à cette ambition (mais j’ai remarqué que la qualité des sites web était souvent inversement proportionnelle, au moins au démarrage, à la puissance de l’exécution), mais vous pouvez prolonger la lecture sur https://www.facebook.com/GreenwaysLB).
On la croit (ou en tout cas on a envie de la croire et de la suivre !) quand elle assure qu’elle va décupler son installation, multiplier les acheteurs, faire évoluer son modèle pour dépasser le simple tipping fee qu’elle perçoit aujourd’hui. Et pour ce faire… s’intéresse à la méthanisation. Elle est pas belle la vie ? Et peut être plus encore que la veille au rassemblement pour Charlie, sans vouloir tout mélanger, l’impression que contre les pesanteurs politiques (pour info, le parlement libanais a aujourd’hui prolongé de 6 mois la durée de vie de la décharge de Nahme et le contrat avec Sukleen, contre toutes les annonces de ces derniers mois) et les risques, ces entrepreneurs ne sont peut être pas la solution, mais qu’ils éclairent le présent et l’avenir !
Image tirée du site du concours de business plan Maurice Fadel, dont Greenways est lauréat en 2012
Enfin, allez, back to the big fishes. J’avais déjà croisé la fondation Bill et Melinda Gates dans la méthanisation en Inde, dans le cadre de leur soutien à MAILHEM. Des gens de goût, puisque « The Gates Foundation appreciates Mailhem for our rare balance of research rigour, market drive and enthusiasm for converting waste liabilities to value ».
Aujourd’hui, cette même fondation fait naître un vent d’espoir pour les amoureux du gasdeshit (cf par exemple la note de Bill sur son blog), puisqu’elle soutient Janicki dans le développement de son « Omni Process » une unité low cost transformant 12m3 de « human waste » par jour en 10 800 litres d’eau potable en la chauffant à plus de 1000 degrés d’une part et 150kW d’énergie d’autre part. Le tout sur 120m2. Les 20% de biomasse qui constitue les excrêments humains sont utilisés pour faire fonctionner l’unité de stérilisation. En 2016, un modèle plus puissant devrait permettre de couvrir un périmêtre de 100 000 habitants (92m3 traités par jour, 86 000 litres produits et 300kW de puissance installée). Rien de bien nouveau sous le soleil, techniquement au moins, la plupart des stations d’épuration étant déjà souvent associées à des méthaniseurs qui transforment leurs boues en énergie pour l’alimentation de l’installation. Mais si vraiment Janicki Bio Energies est parvenu à produire un pilote low cost, fiable, constructible en Inde et en Afrique, et que Bill met son talent et ses moyens au service de sa promotion, on touche à quelque chose d’intéressant ! Un premier pilote doit arriver à Dakar en février (l’ONAS, qui testera le projet sur des boues de vidange, estime le coût complet d’installation à 1M de USD), suite à quoi des entrepreneurs locaux devraient s’y intéresser et l’adapter. Ce qui m’inquiète un peu c’est que le site web de Janicki Bio Energies est un modèle à mettre entre les mains de tous les business developer du monde. Problème illustré et clair (40% de la population mondiale n’a pas accès à des infrastructures sanitaires adaptées, 700 000 morts de diarrhée par an), solution évidente et abordable, envie d’en savoir plus… Bon, je triche un peu parce qu’il n’y a en fait pas de processus de méthanisation impliqué dans le omni process, mais un usage de la vapeur générée par le chauffage des effluents.