Comme avec Alexandre le mois dernier, j’ouvre ici ce blog à Elodie, qui me supporte sur le fond comme sur la forme depuis maintenant 6 mois. Qu’elle en soit ici grandement remerciée, d’autant plus qu’elle rend compte ci dessous d’une émission récemment diffusée et qui traite du biogas sur décharge au Liban !
Une petite bouffée d’optimisme (même si l’effet d’annonce est probable et qu’il est prudent d’attendre de voir les turbines tourner pour se réjouir !) après une semaine passée en France dans un contexte « difficile » pour l’industrie de la méthanisation.
Anyway, la parole est à Elodie…
Le gouvernement libanais a décidé d’exploiter le biogaz produit spontanément par la plus grande décharge à ciel ouvert du Liban. D’ici six mois, le gaz émanant de la dégradation naturelle des déchets déversés depuis une dizaine d’années à Naamé, alimentera en électricité les communes alentours gratuitement pendant 15 ans.
Crédits photo : LBCgroup/©KalamEnnas
Cette information a été évoqué quelques minutes seulement sur la chaine LBC, lors de l’émission hebdomadaire « Kalam Ennas » ( Les gens ont la parole, en français) dans sa spéciale du 26/02 dernier. Un numéro entièrement consacré à la 1ère place qu’occupe le Liban dans le secteur des énergies renouvelables (ENR) sur le plan régional. Si elle se confirme, cette expérience-pilote menée par la société AVERDA International permet d’entrevoir un sérieux avenir pour la récupération du biogas dans les décharges du Moyen-Orient.
La patience des riverains récompensée par un approvisionnement en énergie gratuite
Lors d’une conférence de presse, le 31/10/14, Mohammad Machnouk, ministre de l’Environnement libanais avait fixé la fermeture définitive de la décharge de Naamé au mois d’avril 2015 et annoncé la décision de valoriser le biogaz émis par les déchets en électricité et en compost au profit des communes alentours. Une expérience de méthanisation inédite au pays du Cèdre.
« D’ici 5 jours, nous commencerons à démontrer que la décharge de Naamé peut produire de l’électricité pour les communes voisines[1] » avait-il déclaré expliquant, par ailleurs, que le site serait capable de fournir la région en énergie pendant 15 ans. On peut en douter si le site est fermé, mais ça a le mérite de fixer une ambition !
Pour ce projet de méthanisation, le ministre escomptait une compétition féroce entre les différentes sociétés de gestion de déchets concernées par l’appel d’offres qui allait être lancé 15 jours après ses déclarations à la presse.
Un projet-pilote avant l’exploitation totale du site
L’information délivrée sur LBC lors de l’émission « Kalam Ennas » du 26 février dernier semble donc indiquer un retard dans ce qui serait a priori devenu la phase de fermeture du site.
Si on en croit l’article paru dans le quotidien émirien « The Gulf Today[2] » en juillet 2013, repris deux mois plus tard dans le Webzine BGreen sous le titre « Naameh Project[3] », un projet-pilote de méthanisation (LFGTE Landfill Gas-To-Energy project) aurait été mené sur le site libanais par la société AVERDA International, maison mère de Sukleen, l’opérateur qui collecte et traite les déchets de la région, à partir de moteurs à gas Jenbacher 312 de General Electric.
Apres la phase-test, l’exploitation totale du site, capable de produire 6 a 8 MegaWatts, servira de fer de lance aux autorités pour valoriser les autres décharges libanaises et par extension servir de modèle à la région toute entière.
Naamé, symbole de la difficile gestion des déchets au Pays du Cèdre
Ouverte en 1997, prévue pour 6 ans d’activité seulement, la décharge à ciel ouvert de Naamé continue d’incommoder et d’insupporter les riverains 17 ans après. Plus grande décharge du pays avec celle de Zahlé, elle concentre 80% des déchets solides du Grand Beyrouth et du Mont-Liban.
L’année dernière, le ras le bol des riverains associé au report incessant de sa fermeture ont remis sur le devant de la scène médiatique l’épineux problème de la gestion des déchets au Liban. En constante augmentation sur un territoire à la fois exigu et accidenté, les déchets solides ménagers, difficiles à éliminer, sont devenus un sujet sensible au point de provoquer une crise nationale.
Un collectif « Campagne pour la fermeture de Naamé » a même bloqué son accès durant plusieurs semaines provoquant l’accumulation d’immondices au pied des immeubles et dans les rues de la capitale libanaise.
Le Liban, numéro 1 dans les ENR au Moyen-Orient
Depuis 5 à 6 ans, les énergies renouvelables font leur chemin au Pays du Cèdre, un constat encourageant même s’il reste beaucoup à faire.
Conformément à l’engagement de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, pris en 2009, lors du Sommet de Copenhague (COP15), de produire 12% de l’énergie du pays à partir de sources renouvelables d’ici à 2020, le Liban se place aujourd’hui en tète de la région MENA (Middle-East /Northern Africa).
C’est ce bilan positif qui a fait l’objet d’un numéro spécial du célèbre talk-show politique « Kalam Ennas » (La Parole des Gens), diffusé en prime-time sur LBC, le 26 février dernier.
Un pays à fort potentiel énergétique naturel
Le pays du Cèdre est en effet doté d’un potentiel éolien et hydraulique estimé respectivement à 1 500 et 1600 mégawatts. L’hydro-énergie représente moins de 2 % de l’approvisionnement total en énergie. Des ressources encore sous-exploitées mais peut-être plus pour longtemps…
Cette émission spéciale a permis de faire un état des lieux très complet et très intéressant sur les réussites (panneaux solaires et photovoltaïques, éclairage public, Beirut River Solar Snake Project, prêt a taux zéro, filières d’enseignement, compétences, expertise) mais aussi les progrès à réaliser concernant les immeubles verts, l’hydro-énergie, l’éolien, la géothermie et la législation.
[1] Source : The Daily Star – 31/10/2014 – http://www.dailystar.com.lb/News/Lebanon-News/2014/Oct-31/276069-naameh-dump-to-be-shut-in-6-months-machnouk.ashx
[2] Source « The Gulf Today » 15/07/13 – http://gulftoday.ae/portal/35dbada4-f390-417c-8f55-88b12db8b599.aspx
[3] BGreen Magazine 18/09/13 – http://www.buildgreen.ae/tag/naameh-project/
Une réponse sur “Naame, le grand dégazage. Suite et fin ?”
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