Back from sardignia

Bonjour à tous, amis dynamiques du gas bio

Cela fait une éternité que je n’ai pas posté et j’ai bien reçu vos milliers de mails, messages, appels au secours réclamant des nouvelles du biogas dans le monde.

Ca tombe bien, je reviens d’un séjour en Sardaigne, trop connu pour ses plages et pas assez pour ses expériences de compost d’ordures ménagères. J’ai fait à Arborea une des plus belles visites de ma jeune carrière dans le déchet, entièrement en italien. Mais entre amoureux du déchet, pas besoin de mots. Quelques odeurs, deux ou trois chiffres, une jolie pile de compost et tout est dit !

Si vous passez par là, arrêtez vous. Pour 90€ la tonne, nos amis d’Intercantieri trient et traitent les 60 000 tonnes que jettent chaque année les 150 000 habitants de cette zone rurale. Dans le cadre d’un plan régional (que Cagliari, la capitale, est la seule à ne pas respecter), les principales zones de l’ile ont mis en place un fonds alimenté par les municipalités qui ne trient pas et qui vient financer les opérations de recyclage et de compostage. Malin ! L’enjeu, ici comme ailleurs, c’est de réduire à la portion congrue tout ce qui n’est ni organique (donc compostable ou méthanisable) ni recyclable (le papier, le verre, le métal…). Et ça commence à marcher. Le tri à la source, par les habitants, c’est la clé de la réussite, tout le monde vous le dira, surtout si le résultat espéré est le recyclage et le retour à la terre du compost organique plutôt que de tout mettre dans un gros trou ou un gros incinérateur !

Je ne rentre pas dans les détails de l’usine de traitement elle même (mais j’envoie mon powerpoint à qui me le demandera). Juste quelques infos sur le compostage. Aucun doute, c’est propre. Sur les 60 000 tonnes triées donc, 20 000 sont compostables. Mélangées à des déchets verts, maturées sur 3 cycles, mis en hangar, triés, criblés, aérés et humidifiés…ce sont au final 5 000 tonnes qui sont au final compostés (le reste est parti en humidité ou, pour une petite partie, en décharge) et vendus 5€ la tonne aux agriculteurs environnant. Le cycle est cyclé.

Et tout ça pour la modique somme de 6M€ la ligne de compost (sur un investissement total dans l’usine de traitement de 44M€), financé à moitié par l’Union Européenne (FEDER).

Et allez rencontrer surtout Alessandro à Cagliari. C’est l’ingénieur qui a travaillé à la mise au point et au suivi de cet ingénieux système de tri à la source. L’enjeu ? Le traitement des déchets bien sur, dans une ile de 1,7M d’habitants dont la population décuple presque en période touristique. Mais aussi le retour au sol d’un compost de qualité, pour lutter contre l’état de pré désertification de plus de la moitié des sols. Depuis 10 ans, l’ile est passé d’un taux de collecte sélective de 4% à plus de 50%. Résultat, elle a divisé par 3 les 830 000 tonnes de déchets qu’elle mettait en décharge chaque année (les 2/3 de ses déchets) au profit de 15 centres décentralisés de compostage, du type de celui d’Arborea, qui traitent chaque année 250 000 tonnes d’ordures ménagères.

Le moyen ? Faire payer les municipalités qui ne compostent pas et dépassent un seuil, de plus en plus contraignant chaque année, de déchets non triés. Et financer des installations efficaces, gérées par des industriels.

Alors, oui, ça coute cher, autour de 120€ la tonne, et ça fait grincer des dents les municipalités et les résidents. Mais c’est après tout le prix que payent les municipalités du Chouf et du Mont Liban pour rémunérer les services de Sukleen au Liban. Loin de moi l’idée de vouloir stigmatiser cette entreprise, mais c’est intéressant de pointer comment une politique régionale, organisée et systématique, peut produire des résultats, quand elle parvient à coordonner un projet « politique », des industriels et la participation citoyenne.