Micro Macro

Bon, au niveau macro, ça ne s’arrange pas vraiment au Liban. Le pli est pris de la décentralisation, une solution qui ne veut pas dire grand chose dans un pays grand comme un département français et qui manque surtout d’un Etat capable d’impulser un plan et une vision. Et qui renvoie les présidents de municipalité ou de fédération de municipalité à des choix techniques et complexes, sans leur apporter encore le financement nécessaire. 800 millions de dollar, une somme à la hauteur de l’enjeu, attendent pour être transférés la signature du cabinet et du parlement, qui ne se réunit plus depuis un an. Des subventions internationales sont dans le même cas, et certaines ont même du être annulé. Kafka aurait de quoi alimenter un tome 2 de la métamorphose.

Côté micro, par contre, ça libère les initiatives, et je voudrais sur ce blog rendre un rapide hommage à quelques unes d’entre elles.

La première est portée par un maire, entrepreneur et citoyen, qui a décidé dès le début de la crise, de prendre les choses à bras le corps. Ca se passe à Roumieh et ça a fait pas mal de bruit au Liban (cf par exemple http://www.lorientlejour.com/article/939616/a-roumieh-le-tri-des-dechets-nest-plus-une-option.html).

Pour gérer les déchets de ses 3 000 ressortissants, il a très simplement :

  • enlever les containers « génériques » de Sukleen (pour éviter que les gens n’utilisent cette poubelle générale à la place des bennes sélectives)
  • fourni un sac jaune pour le recyclable, ramassé une fois par semaine et un autre pour l’organique, ramassé 4 fois par semaines
  • les sacs sont produits par un plasturgiste à proximité et vendu sans profit par les petits magasins de la ville.
  • l’organique est composté localement, de manière un peu artisanale et sans couvert, en attendant une meilleure solution
  • mais la clé du succès, c’est la campagne de sensibilisation. Avec engagement d’agents de sensibilisation qui informent les familles, vérifient le tri ; implication forte du maire qui appelle lui même ses administrés (« ben alors antoine, y a encore du plastique dans ton sac noir ! ») et participation des scouts et des prêtres, maronnites comme orthodoxes, qui appellent au tri sélectif pendant le sermon du dimanche !

Ca me paraît plus malin, pas plus cher et plus efficace qu’un pyrolyseur qui transformerait soit disant tous les déchets mélangés en énergie et en amendement de sols, une pratique « d’incinération décentralisée » que je crains de voir se développer face à l’urgence du traitement des montagnes de déchets qui apparaissent dans tout le pays et à la difficulté de proposer une « task force » de conseil et d’expertise aux municipalités souhaitant trouver des solutions.