Et si la prochaine révolution venait de la tomate urbaine ?

Et si la prochaine révolution venait de la tomate urbaine ?

Une bête tomate, et pourtant une tomate chère à mon coeur puisqu’elle a poussé sur notre balcon familial. J’en parle avec beaucoup d’humilité car j’ai quand même cassé 3 pieds en essayant de fixer les tiges sur des tuteurs. Mais j’en parle avec beaucoup de passion aussi car j’ai grâce à cette tomate eu une révélation aussi puissante que celle de la caisse de compost il y a un an !

Je continue à ne pas comprendre comment tout le monde ne traite pas aujourd’hui son déchet de cuisine chez lui et le laisse transporter en payant d’une manière ou d’une autre plusieurs centaines de dollar la tonne, plutôt que de l’utiliser comme amendement pour ses plantes d’appartement.

Et alors, un nouveau truc que je ne comprends pas, c’est comment on peut laisser autant de mètres carrés en ville remplis de pelouse ou de plantes d’ornement, plutôt que d’assurer notre sécurité alimentaire, raccourcir les flux de transport, se réapproprier ce que l’on mange… en plantant sur nos balcons, nos trottoirs, nos toits, nos écoles… des légumes, des fruits et des arbres !

A l’appui de ce cri du coeur, je voudrais appeler à la barre l’excellente Jennier Cocrall-King qui a commis un beau livre de voyage sur des expériences exemplaires d’agriculture urbaine. De Cuba à Montreal, en passant par Paris, Toronto ou Vancouver, elle dresse un portraits d’initiatives réussies, certaines industrielles et hydroponiques visant à l’autonomie alimentaire, d’autres très locales et partagées visant à retisser du lien social ; mais toutes caractérisées par la production et la distribution en ville de fruits et de légumes.

Elle n’hésite pas à parler de « Révolution de l’agriculture urbaine » et entame son livre par 2 premiers chapires exaltants, que je vous résume rapidement ci-dessous.

3 chiffres pour commencer, qui font peur et qui ont achevé de me convaincre. L’un est assez connu, et stipule que en moyenne, de la fourche à la fourchette, un aliment parcourt en moyenne 2 400 kilomètres. Un deuxième, plus étonnant, précise que nous sommes à 9 repas du chaos alimentaire. Autrement dit, si pour une raison ou une autre la France se retrouvait coupé du monde, que les routes étaient bloquées… on tiendrait 3 jours et ensuite, les supermarchés n’auraient plus de stock pour nous alimenter. Un dernier enfin, qui estime que le prix « réel » d’un hamburger, si on internalisait tous ses coûts (y compris l’impact sur l’environnement de sa production…) devrait être de 200$, et pas de 4 !

Bref, notre système agro alimentaire est finalement assez récent, et est le résultat d’un processus apparu juste après la 2e guerre mondiale, de concentration de la distribution (apparition des supermarchés) rendant possible une production de masse, en monoculture, supportée par des intrants chimiques développés récemment et une alimentation de plus en plus caractérisé par des produits transformés avant d’être vendus. Ce système a apporté beaucoup en terme de pouvoir d’achat, de libération du temps (permettant en particulier aux femmes d’accéder au marché du travail), d’apparente sécurité ; mais il est en fait globalement fragile (à 9 repas du chaos et dépendant des évolutions du prix du pétrole), inefficace en terme économique (il ne sait pas fixer les prix « justes ») et en terme de rentabilité « calorique ». Alors qu’une calorie « fossile » permettait de produire 2,3 calories alimentaires ; il faut dans ce nouveau paradigme 10 calories d’énergie fossile pour produire 1 calorie d’éléments.

Une solution, pas unique, mais pertinente dans un monde qui devient urbain dans sa très grande majorité, c’est de profiter des espaces libres en ville pour produire et vendre localement. Il semblerait que cela corresponde à une tendance de fond, la « locavore-attitude » et que certaines start up commencent à s’emparer du sujet. C’est passionnant, et une ville avec des ruches dedans, du compost autour, des jardins partagés, et des vélos qui font le tour de tout ça, perso, ça me fait rêver. Très « gaz de shit »… !

 

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