Bon, si vous n’avez pas encore comme moi rencontré votre grand guru qui vous aura fait intériorisé l’effondrement vers lequel nous nous dirigeons, au point qu’on se demande quel plaisir et intérêt il peut encore y avoir à écrire un blog le dimanche après midi plutôt que de courrir construire son lieu permacole avant qu’il ne soit trop tard ; bref, si vous êtes encore sceptique et refusez de lire l’abondante littérature « catastrophiste » parce que vous craignez que ça vous plombe le moral… 2 lectures sympa s’imposent tout de même.
Tout d’abord le très bon dernier bouquin du toujours excellent Lionel Shriver. L’histoire d’une famille américaine entre 2029 et 2047, très teintée d’une vision comico-tragique d’un monde tel que le décrivent les permaculteurs les plus zélés. Je vous laisse savourer un extrait du chapitre 11 (Dégoût d’égout) :
Au printemps, quand sa mère avait décidé de planter des légumes dans le jardin – rien d’inutile ni plein d’eau, comme les radis ou la laitue, mais des variétés qui tenaient au corps, comme la courge –, il avait dû lui rappeler que ce bout de terrain avait été utilisé comme latrines. Il avait alors passé une bonne semaine à remplir les sacoches de son vélo de terre qu’il allait prendre au cimetière Holy Cross, avant de la vider dans le jardin, pour constituer une couche supérieure de quinze centimètres d’épaisseur non contaminée par des déchets humains – après quoi il avait exhorté tout le monde à utiliser un seau si jamais des pénuries d’eau venaient à se reproduire. Il plantait les légumes et arrosait. Selon un reportage, dans tout le pays, des jardins d’agrément étaient convertis en jardins potagers. Avant la Dénonciation, la pelouse avait été la variété la plus cultivée aux États-Unis – trois fois plus que le maïs, couvrant une superficie aussi vaste que l’État de New York. Mais la pelouse, ça ne se mangeait pas. La remplacer par de la betterave était une décision frappée au coin du bon sens. C’était une période stimulante, industrieuse. Meilleure que celle qui allait suivre.
Si ça donne pas envie de urban farmer de tous les côtés, ça ! Avant que les conditions extérieures ne nous l’impose !
Un 2e opus dont je reparlerai quand je l’aurais lu, mais qui semble méchamment inspirant est la prose de Nicholas Carr, qui s’en prend non pas à la technologie en tant que telle, mais à l’automatisation excessive des objets que nous construisons et aux conséquences que cela peut avoir sur notre travail, notre santé, nos risques et nos valeurs. A commencer sur http://www.nicholascarr.com…
Merci Cyril pour cette bouffée d’air rafraichissante par les temps qui courent ! Vive la permaculture !! A quand ton coin de permaculture au Conquet ?