J’ai bien conscience du caractère quelque peu ésotérique du titre de ce post. Il a pourtant un sens profond qui fait référence au concept de l’entreprise libérée.
Mes expériences dans l’économie sociale, auprès d’associations, de SCOP, de permaculteurs auraient du m’amener à m’y intéresser bien avant ! D’autant plus que ma visionnaire d’épouse m’avait offert il y a 2 ans déjà une BD très bien foutue sur le sujet, et publiée aux très belles éditions des Arènes (d’où le titre). Mais c’est à Laval, dans le cadre d’une discussion avec une très belle et prometteuse start up de navires autonomes que mon esprit s’est de nouveau éveillé à cette vision !
Au fondement de l’entreprise libérée, il y a une division simple du monde. D’un côté des productifs, des salariés qui bossent vraiment pour produire ou ramener des clients. De l’autre des improductifs, dont je suis un parfait représentant, des salariés qui contrôlent, qui organisent des process, qui font de la veille… des fonctions support, des cadres intermédiaires. Cette division est inefficace car elle concentre les ressources principales de l’entreprise sur le contrôle et prive l’entreprise d’une interaction rapide entre le « terrain » et ceux qui en sont le plus proches ; et « pathogène » car elle prive les salariés de l’autonomie à laquelle ils aspirent et du plaisir au travail.
L’idée du coup c’est de se passer de ce management intermédiaire, de rendre les hiérarchies très horizontales, de laisser les salariés trouver leur zone de comfort dans l’entreprise, de les laisser s’organiser en équipe projet. Le rôle des managers devient la formulation du sens et de la vision de l’entreprise, la coordination pour que tout avance dans la même direction, mais plus le pilotage sur budget ou sur objectif (comme j’aime à le pratiquer, je dois le reconnaître !!).
Pour en avoir une approche plus sérieuse et complète, plusieurs sources sont disponibles, depuis les bouquins de Isaac Getz, la BD suscitée, le film « Bonheur au travail » diffusé sur Arte… et une bonne vieille recherche Google.
C’est assez permacole comme vision en fait. Plutôt que de s’occuper de la graine/plante (ou du salarié), on s’occupe du sol (de la culture et de la vision de l’entreprise) et on fait confiance à la nature (humaine) pour que ça fonctionne !! C’est certainement plus ardu, plus lent, plus compliqué mais surement aussi plus stable.
Les exemples les plus souvent cités, et d’ailleurs pour beaucoup situés dans l’ouest de la France, tendraient à montrer que le modèle est surtout applicable à des PME de taille moyenne, qui ont atteint leur point mort, qui sont alourdies par trop de process, et dans lesquels des « patrons libérateurs » ont l’idée de prendre du champs, de laisser de l’espace et de faire évoluer leur organisation. Certains aspects laisseraient penser que c’est aussi très adaptée aux start ups, qui privilégient l’agilité, le pivot rapide, l’observation par tous des évolutions du marché, qui ont peu d’équipes et partant peu de hiérarchie intermédiaire… Mais inversement il me reste une zone d’interrogation sur la compatibilité de ce modèle avec les poussées rapides, presque violentes, de conquête de marché, les échéances impossibles à tenir, les « coups de feu » et sur la capacité de fonds et d’investisseurs à accompagner des organisations qui assument une part de lenteur et d’inefficacité initiale pour mieux se construire sur le long terme.
Un bon papier de Learn Assembly et l’expérience de SendinBlue donnent de l’espoir… !