Je reviens à ce blog après plusieurs semaines d’absence, immergé que j’étais dans la découverte de mon nouvel univers de travail, un pied en Afrique et un pied en Mayenne.
Et j’y reviens avec un post sur un thème qui m’est cher, une méthode qui en fait guide ma pratique depuis une vingtaine d’années mais à laquelle je n’avais pas donné de nom. D’autres, plus malins, en ont fait une théorie et l’ont appelé du joli sobriquet de « effectuation ». C’est à Marc Chakhtoura, brillant animateur d’une plate forme d’Initiative à Nice, que je dois la découverte de la vidéo de Dominique Vian, disponible sur https://youtu.be/6Vs4ZqDT2NU.
Le mieux est bien sur de la regarder et de lire les nombreux bouquins qui remettent en cause une vision « classique » de l’entrepreneuriat, mais dans mon souci d’évangélisation, et parce que pour ceux que ça intéresse, ça permettra aussi de se rendre compte que finalement mes manières d’agir sont assez communes et rationnelles, je résume le propos.
Tout d’abord, 5 mythe de l’entrepreneur qu’il s’agit de démonter. D’autant plus important qu’ils sont souvent des freins à la prise de risque initial.
Premier mythe, pour être entrepreneur il faudrait une vision. Ce mythe est démenti par les innombrables succès dus à des accidents, aux multiples pivots que savent réaliser les entrepreneurs en herbe. J’ai souvent du mal avec l’insistance qu’ont les jeunes entrepreneurs à vouloir très vite écrire un vision/mission statement. Certes, il reste important de garder un œil sur l’endroit où on veut aller et mener les troupes, mais au départ, la croyance en soi, à sa capacité à changer le monde, à une vague manière de le faire, suffit pour se lancer.
Deuxièmement, les entrepreneurs auraient une moindre aversion pour le risque, ils aiment le risque. Non, clament les effectuationnistes, les entrepreneurs cherchent à contrôler le risque. Là je suis moins d’accord. Il y a quand même un profil de personnalité qui, au moment de prendre son risque ou pas, « y va » ou « n’y va pas ».
Troisièmement, un etnrepreneur fait des prévisions. Que neni, il ne prévoit pas l’avenir, il le construit. C’est un thème qui m’est cher et je dois dire que même si la compréhension de son univers, de ses clients, de ses partenaires, fait partie du kit de survie, la capacité à au minimum croire que l’on peut changer, construire le monde, plutôt que rechercher une hypothétique solution idéale à un problème repéré est une condition de l’acharnement entrepreneurial.
Quatrièmement, tous les entrepreneurs ne sont pas des super héros. Il y a une grande diversité d’entrepreneurs. Et je rajouterai que l’entrepreneuriat est un état d’esprit avant d’être un statut juridique. Je connais des tas de fonctionnaires plus entrepreneurs que des consultants indépendants (moi le premier !) ou des jeunes boites qui se rémunèrent sur les aides publiques ou les fonds privés qu’ils parviennent à lever avant de dégager le moindre euro de chiffre d’affaires.
Enfin, la solitude de l’entrepreneur. Même pas vrai pour les effectuationistes, qui décrivent un entrepreneur « qui se connecte ». Pas faux, mais tout de même, pas sur non plus que ces connexions lèvent la solitude au moment de la prise de décision.
Bref, un joli effort de démontage du mythe de l’entrepreneur visionnaire, super héros, seul et preneur de risque, tellement rare et innaccessible qu’il inhibe le passage à l’action. Mon impression est quand même qu’à un moment ou à un autre de leur parcours, les entrepreneurs vont avoir à prendre le risque, à faire accepter leur vision, vont se retrouver seul et vont devoir planifier efficacement leur action, mais il est utile de se dire qu’ils vont l’apprendre en marchant, qu’on ne nait pas forcément entrepreneur. Que ce n’est pas forcément la tasse de thé de tout le monde mais qu’il serait dommage de ne pas profiter du climat très propice et très protecteur des jeunes pousses en France pour tenter l’aventure !
A suivre : les 5 principes fondateurs… !