Il m’est déjà arrivé d’écrire sur ce blog à propos du « financement des foules », autrement nommé « crowdfunding ». L’idée en est séduisante. Les méchantes banques ne faisant rien qu’à étrangler les entreprises et surtout ne voulant prendre aucun risque, les gentils entrepreneurs se retrouvent avec de beaux projets mais pas de sous. L’intelligence collective des foules, la répartition du risque sur de tous petits montants auprès de milliers de particuliers, dont l’aggrégation est rendue possible par Internet apporterait un soutien nouveau et bienvenu aux projets innovants en France et partout dans le monde.
J’y crois, j’adore, c’est horizontal…. c’est clairement l’avenir.
Mais voilà, j’ai un copain fou à Nantes et qui, comme tous les fous est aussi génial et pertinent ! Il s’est amusé à micro-prêter à… 500 (oui, cinq cent) projets sur 2 plate formes depuis plusieurs années. Résultat des courses : 2% de rendement. Et encore, avant la fin de la période de remboursement. Vous me direz, c’est toujours mieux qu’un placement de « père de famille » et les micro-prêteurs ne font pas la course au rendement. Mais tout de même, ca révèle un hic dans le modèle économique de ces plate formes, bien relevé par https://bfmbusiness.bfmtv.com/france/crowdlending-les-vraies-raisons-d-un-echec-1555771.html.
De fait, ce n’est pas par méchanceté que les banques avancent prudemment. Je ne connais que 2 manières de vivre du prêt d’argent. Prêter beaucoup à peu de gens, en les sélectionnant. Ou prêter peu à énormément de gens, en mettant en place des process durs et systématique (ce que fait la microfinance). Dernière solution : accepter de ne pas assez gagner (voir de ne rien gagner en prêtant à 0%, mon dada !) et trouver des subventions d’équilibre qui prennent en charge le « surtravail » d’accompagnement et la montée en charge de ces outils. C’est peut être pas le plus idiot !
La limite des outils de crowdlending aujourd’hui c’est leur relative faiblesse d’encours (moins de 10 million d’euros en cumulé sur 2018 pour toutes les plateformes françaises, c’est moins qu’une agence bancaire), un taux à la fois trop cher pour des emprunteurs et peu motivant pour des épargnants et finalement une forte sélectivité des projets qui consomme du capital humain !
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain tout de même. Ce papier oublie quelques paramètres. La croissance exponentielle du crowdfunding d’abord, qui dans ses applications Nord/Sud ne sera bientôt pas loin d’égaler le montant de l’Aide Publique au Développement. La rupture dans l’approche de l’instruction des projets. Aujourd’hui, ce sont soit des « experts » dans des « comités » soit des algorithmes (ou des procédures : combien l’entrepreneur a t-il déjà épargné ; quel est son « score » ?…) qui évaluent le risque. Avec le crowdfunding, c’est l’agrégation d’une foultitude d’avis qui peuvent mettre en avant un couple rendement/risque nouveau, avec une prime donné au local, à l’impact, ou à n’importe quoi d’autre d’ailleurs.