Déchet, ton univers impitoyable…

Le papier de Charlez Dauzet sur son expérience d’entrepreneur dans l’économie circulaire fait un gros buzz en ce moment. https://www.linkedin.com/pulse/la-désillusion-dune-start-up-de-léconomie-circulaire-charles-dauzet/

C’est très intéressant et ça vient éclairer en quoi il n’est pas si facile de concilier environnement et économie. Mais en quoi c’est indispensable.

J’en profite pour annoncer que nous avons lancé nos premiers tests de collecte des biodéchets en Mayenne. Ce projet est porté par Alteravenir, une entreprise d’insertion qui construit patiemment, depuis des années, son modèle, qu’il fait reposer sur 3 sources de création de valeur : la création d’emploi d’insertion, l’impact environnemental et la rentabilité économique. Un modèle de développement frugal et intelligent.

Je copie ci dessous mon commentaire au papier de Charles Dauzet qui résume ma pensée sur ce sujet !

« Très heureux de lire ce papier et de l’enthousiasme qu’il soulève. Pour avoir entrepris dans le domaine du déchet dans pas mal d’endroits dans le monde et avoir investi dans plusieurs start up à impact, je rejoins l’avis général : bravo, bravo, bravo. D’avoir tenté, de s’être acharné et de témoigner !

Quelques points complémentaires à ton texte que j’aimerais soulever :

* tenter un modèle, pivoter 2 fois, être financé essentiellement par des « investisseurs » publics ou privés puis par le chiffre d’affaires de clients évangélistes ; ca ne me choque pas et ça n’est pas un échec, c’est juste une start up qui n’a pas trouvé son marché. On a la chance d’avoir en France un système d’aide à la création d’entreprise en France très généreux, une génération prête à prendre des risques et un secteur (l’impact, l’environnement) qui attire. C’est à force d’acharnement, de tests, d’innovations… que des solutions vont être trouvées.

* La valeur de ton témoignage est que trop d’entrepreneurs ont l’illusion que le modèle économique du déchet (mais ça vaut aussi dans l’agriculture, les circuits courts…) peut être fondé sur la revente des produits collectés. Ils oublient systématiquement le coût de la collecte, le temps et les coûts de sensibilisation, les frais généraux pour des projets à faible volume et l’extrême fluctuation des prix de rachat (qui peuvent d’ailleurs devenir des postes de charge). souvent ces entrepreneurs Te lire va les aider à partir de là et à imaginer d’autres modèles.

Ce qui me semble le plus important, c’est l’alignement au démarrage des attentes des fondateurs et de ses investisseurs. Qui acceptent que leur risque et la qualité de leur exécution soit rémunérés par de l’impact en contrepartie d’une moindre rentabilité.

* sur la notion de « besoin client », 2 commentaires : en premier lieu, plus ça va, plus les coûts environnementaux sont internalisés et rendent compétitives les solutions basées sur le tri à la source, très coûteuses en collecte et qui supposent la participation de l’usager mais plus « économes » en impact (quand les chaines fonctionnent, tu as raison).

* par ailleurs, je suis convaincu que pour faire évoluer ce besoin client, il faut 2 choses : une offre efficace, conviviale qui simplifie la transition pour les clients… et une contrainte réglementaire, qui peut elle même évoluer grâce à des initiatives entrepreneuriales exemplaires comme la tienne. »