Des compétences molles activement bousculées

Mes 2 ans passés au Maroc à construire des parcours d’insertion pour les jeunes vulnérables au sein du programme SABIL m’auront éveillé au sujet des « compétences transversales/molles » (les « Soft Skills « en bon français).

J’avais dans ce cadre initié des échanges avec le passionnant Etienne Galmiche, ancien directeur de Talent Campus et fondateur de « l’Agence Activement Bousculante » (oscar 2023 du meilleur nom de marque), qui m’avait été présenté par l’incontournable Céline Zatorsky. Au coeur de leur action, en tant que formateur pour l’un, que chargée de mission « innovation publique » pour l’autre, la recherche permanente de ce qui vibre chez les gens, de ce qui les anime et les rend unique, la combinaison de la rigueur professionnelle et d’une quête du plaisir maximum, la capacité à faire grandir les « talents » individuels et leur épanouissement au sein d’un groupe.

Il faut absolument lire « Innovez en formation grâce à la pédagogie expérientielle » du susnommé Etienne Galmiche, qui synthétise une vision, des approches et un outillage méthodologique pour construire et animer des formations et des animations qui reposent sur du vécu, de l’expérience, pour se questionner sur le sens de la notion de « compétence », pour remettre le plaisir, l’empathie, le jeu et l’envie au centre des apprentissages.

Le seul défaut de ce bouquin, c’est qu’il n’est commandable que sur https://www.amazon.fr/formation-pédagogie-expérientielle-neurosciences-formations/dp/B0BW31X19N ! Et qu’il donne furieusement envie de poursuivre les nombreuses pistes de lecture et de mise en pratique qu’il propose.

Expert, de quoi es-tu le nom ? Chapitre 2 – « La démocratie autrement » – une lecture orientée

Je poursuis dans ce post une réflexion sur les postures et les pratiques des experts internationaux…

« Mais alors, que reste-t-il pour nos décideurs ? N’ont-ils plus aucun rôle à jouer ? Ce serait absurde de le prétendre, sauf à voir la démocratie radicale comme utopique substitut. Non, l’art de la décision, dans ce contexte, n’est plus de designer la solution, mais de saisir les émergences collectives par plus de transparence et de coordination. Rendre « l’implicite explicite » par le biais d’une agora permanente permettant à l’ensemble des parties prenantes d’exprimer/formuler/conscientiser leurs convictions et leurs doutes. Sans cette conversation en many to many et à haute voix, les décideurs resteront dans l’illusion ex ante de leur propre puissance et dans le constat ex post de leur sourde impuissance. (Usbek et Rica, 2017, cité dans « la démocratie autrement »)

Une des missions principales des programmes et des experts internationaux est l’appui à la conception et à la mise en oeuvre de politiques publiques. Autrement dit, l’appui à des décideurs pour consulter, construire, décider et agir.

Ce métier est incarné par des professionnels très différents les uns des autres, aux origines, méthodes, pratiques variées. Rares sont d’ailleurs les experts qui le sont à vie. C’est heureux car le propre de cette fonction est le transfert de compétences et pratiques professionnelles acquises dans un contexte vers un nouveau contexte. Mais cela entraîne une complexité particulière à capitaliser et échanger sur des manières de faire et des pratiques professionnelles.

Les idées développées par Franck Escoubes et Gilles Prorol en 2021 dans leur livre « la démocratie autrement », sont de ce point de vue une opportunité passionnante pour éclairer les enjeux, inspirer les pratiques et tracer des pistes de réflexion.

Un petit mot de contexte…. (ceux qui ont déjà lu mon précédent post peuvent passer directement à la partie suivante !)

De mon côté, au moment où s’est présenté l’opportunité de m’investir à plein temps comme « expert international résident » au Maroc, j’ai eu l’intuition qu’il serait intéressant de le faire avec Initiative France. Histoire de voir comment l’ADN de ce réseau associatif pouvait se traduire dans les postures d’expertises. De s’appuyer en particulier sur la manière dont ce réseau et ses plus de 200 associations locales envisagent « l’expertise » d’un projet entrepreneurial. Ou plutôt ne l’envisagent pas car elle fait confiance pour engager un financement non pas à de brillants analystes financiers mais à l’intelligence collective d’une diversité de représentants du territoire. Des comptables, des banquiers, des professionnels de l’accompagnement certes, mais aussi des « pairs », des commerçants, des représentants de collectivité… Le métier de ce réseau c’est de construire une décision à partir de la multiplicité et de la confrontation de ces expertises « locales ».

Mon autre source d’inspiration a été ma période « Synergies Créateurs », fondatrice de mes approches et de mes méthodes. Bien avant les réseaux sociaux, et même un petit peu avant le téléphone mobile, cette autre association organisait, sous le regard et l’appui bienveillant de la Fondation pour le Progrès de l’Homme , des groupes de travail dont le principe premier était la participation en tant que professionnel, que porteur d’une pratique, d’un projet et pas que représentant d’un réseau ou d’une structure. Notre boulot, c’était de créer les conditions pour que chacun se sente écouté, puisse partager ses idées, ses visions. Bien avant l’apparition des réseaux sociaux, avant même l’arrivée d’Internet, nous nous acharnions à coup de fax, courrier, téléphone, café, compte rendu à organiser le débat, faire émerger les idées et trouver les voies de leur transformation en offre de service, en structuration du métier et en propositions de mesures publiques. Un tas de marginal sécants rodaient dans les couloirs et autour des tables, et de notre côté nous nous assurions de maintenir le cap et le cadre. A l’époque il n’y avait pas vraiment de nom pour ce métier. Les « designers », les « consultants en intelligence collective »… n’existaient pas encore et on pouvait facilement nous confondre avec des « secrétaires de séances », des « barista », des gentils animateurs, des ovnis… C’est tout à l’honneur d’Erwan, du CA (Benoit, André, Luc, Daniel, Gilbert, Pierre, Michèle…) et de quelques fondations d’avoir cru dès les années 1990 qu’il existait un métier et des méthodes pour organiser la concertation entre pairs et en faire naître des solutions partagées co-construites comme on dit.

La méthode décrite dans « la démocratie autrement » s’articule autour de quatre temps forts : consulter, co-construire, co-décider et co-agir.

Consulter d’abord

Ce premier temps est très inspiré des méthodes de Bruno Latour. Faire parler des situations, avant de mettre en récit et d’en faire ressortir un destin commun. L’approche est physique, intuitive, elle favorise des logiques d’enquêtes. Elle prend le contrepied d’une questionnement sur des grands thèmes généraux pré-identifiés. On y retrouve (j’interprète) les intuitions de la revanche des contextes sur l’importance d’une phase d’immersion, sans a-priori, et de l’attention portée à la parole « brute », aux verbatim.

Une incidente en est la capacité à consulter « large », en particulier les invisibles, bien connus de tous les concepteurs de politiques publiques. David Goery a parfaitement décrit dans le contexte marocain la difficulté à toucher des jeunes hors des circuits, qui peuvent avoir une appréhension à parler, et se font trop souvent représentés par des « vedettes » qui font l’objet de « best practice » et figurent sur les plaquettes de présentation des résultats de programmes. Franck Escoubes esquisse au moins deux pistes très intéressantes : s’adapter aux canaux de communication des jeunes plutôt que de leur imposer d’utiliser des outils que les « vieux » experts maîtrisent et connaissent. Et s’appuyer sur la manière dont les jeunes peuvent « monnayer » leur implication citoyenne par la construction de soi et la recherche d’une insertion professionnelle.

J’introduis ici un long développement que Franck Escoubes réalise sur le web démocratique. L’idée générale est qu’il existe déjà énormément de données sur le web. Plutôt que de monter une consultation « one shot », ponctuelle, une seule fois, dramatisant le choix (que l’on pense au Brexit par exemple), l’enjeu serait de privilégier le temps long, une remontée d’informations, d’expressions déjà formulées sur des canaux « naturels », déjà utilisés par les internautes, plutôt que de recréer de nouveaux canaux, de nouvelles plateformes, moins familiers.

L’un des principes fondateurs de ce web démocratique est le principe d’intelligibilité qui consiste à rendre les débats intelligibles en distinguant le constat des problèmes, le diagnostic de situation et des solutions à préconiser. Ces niveaux d’expression peuvent être constatés « ex post », pas « ex ante », sans « prescrire » une grammaire, en laissant l’expression sans entrave. Le « machine Learning » peut contribuer. La machine restant plus rapide, objective, fiable et moins onéreuse que l’homme dans l’analyse des narrations humaines (et peut être controlée, par exemple par « carotage », validation a posteriori). J’aime beaucoup ce principe, qui donne des clés pour organiser une immersion active, réduire le risque qui se pose aux experts d’imposer malgré eux leurs clés de lecture par le type de questions et d’outils utilisés. Il permet de penser de manière radicale une « immersion » dans l’existant, ou au moins dans l’existant « numérique ».

Co-construire

Pour co-construire, trois composantes sont indispensables : des extravagants et des esprits indépendants ; énormément de données ; un algorithme agrégeant les informations de la manière la plus objective possible. « L’intelligence d’un groupe résulte autant de la diversité des points de vue que de la finesse des analyses » (Scott Page, cité dans le livre).

Le point qui m’intéresse ici, et qui rejoint les pratiques que nous avions à l’époque de Synergies Créateurs, est l’idée que chacun est expert « profane » de dizaines de sujets. Et que sur un sujet donné (le covid par exemple !), quand on compte 20 experts mondiaux, il y a également des milliers d’experts « chercheurs », de l’ordre de grandeur d’un million d’experts « métiers/praticiens » et 5 fois plus encore d’experts « profanes », que le sujet intéresse, ou qui sont « touchés » d’une manière ou d’une autre, donc en capacité d’apporter une parole dans le débat. Chacun son rôle.

On retrouve également dans cette partie l’idée du temps, tellement essentielle. Ce ne sont pas un débat rondement mené, la présentation de faits concrets qui permettent les évolutions citoyennes, mais les expositions lentes, une maturation progressive… En conséquence, l’enjeu est moins la capacité à organiser un référendum efficacement une fois (souvenons nous du désastreux traitement du référendum de Maastricht), mais celle d’être capable de susciter de multiples débats sur une durée longue.

Une des valeurs du livre est de rentrer dans le détail « économique » de la participation citoyenne. Il faut 200 à 400 euros pour obtenir la voix d’un citoyen invité à s’exprimer physiquement dans un débat public pendant quelques heures. Dans le cas d’un jury citoyen, ou d’une conférence animée par des professionnels, cela peut aller jusqu’à 2 000 euros par participant. La convention citoyenne pour le climat a coûté 33 000 euros par citoyens. Là où les « civic tech » annoncent 1 euro pour la mobilisation d’un citoyen.

Dans cette phase, le numérique permet de répartir la charge sur beaucoup plus de gens. La consultation peut devenir asynchrone (et donc permettre aux contributeurs de prendre le temps de la réflexion), traçable. Les modes d’expression deviennent « parallèles » et limitent les « prise d’otage » par les « monopolisateurs » de la parole, les professionnels de la concertation, en favorisant ceux qui ont plus de difficulté à prendre la parole en public. Elle facilite enfin l’usage des techniques de traitement de l’information et d’aide à la synthèse.

L’usage des outils numériques, encore souvent observés avec méfiance, est une voie de progrès extrêmement intéressante à poursuivre pour la concertation au service de l’appui à l’élaboration de politiques publiques.

Co-décider

Au centre de cette partie, il y a la fiction du « décideur ». Celle qui postule que « consulter c’est bien, mais à un moment donné, il faut bien quelqu’un qui décide ». J’ai toujours eu intuitivement une réserve sur cette posture, qui me semble contre productive pour provoquer l’adhésion sur des options ou des recommandations.

Hors, la propension à créer de l’adhésion compte autant que la qualité de la décision elle-même. De ce point de vue, la décision est un processus, pas un acte isolé. Quand un décideur décide, il reste ensuite le risque de l’ensablement de l’administration et les résistances de « l’Etat profond ».

Le livre décrit différents modèles décisionnels dépendant des rôles (opposants, suiveurs, demandeurs, producteurs, absents) de trois grands types de parties prenantes aux décisions : les managers (politiques), les ingénieurs (experts) et les candides (citoyens). Par exemple, le politique prend la décision avec l’accord de l’expert (référendum de 2005) ; ou le citoyen ne s’exprime pas, l’expert est opposé à la décision du politique mais ne réussit pas à le convaincre (Brexit au sein du parlement britannique) ; la décision est produite par le politique, sans poids de l’expert et malgré l’opposition des citoyens ; ou enfin des citoyens produisent la décision, contre les experts avec l’accord du politique, voire même des citoyens qui se mobilisent, décident seuls en s’opposant à toute intervention d’experts et en s’aliénant le politique (Notre Dame des Landes dans le coin de Nantes typiquement !).

Franck Escoubes introduit plus loin dans son livre des pistes pour « décomplexer la démocratie directe » et « disputer le comment décider ». Premièrement, la décision n’est pas par nécessité un acte définitif à un instant T. Elle peut être réversible, le couperet est l’ennemi du bon sens. Plus le sujet est important, plus il est nécessaire de laisser du temps, y compris pour la rétractation. Deuxièmement, il développe le principe bien décrit par ailleurs de « démocratie liquide », qui fait évoluer la logique d’intermédiation entre le citoyen et le politique, par la délégation de pouvoir à un proxy qui peut changer d’un sujet à l’autre, en fonction du niveau de confiance accordé.

Co-agir

Dernière phase, probablement la plus innovante et originale, celle d’une réflexion sur des « micro activités citoyennes », pas forcément organisées dans le cadre associatif. Cela mériterait un post à part, j’y reviendrai.

Vers une finance au service de la transition…

A titre personnel, 2023 va être une année de rééquilibrage professionnel et personnel avec plus de temps passé à Nantes et un peu moins au Maroc. Pour le monde, ça va être une année importante aussi, les défis de la transition ne manqueront pas d’entraîner jet de purée, éco-anxiété, techno-optimisme, « nettoyage vert » et été caniculaire même en Bretagne ! 

Une bonne nouvelle pour affronter tout ça : l’école de commerce de Nantes (Audencia) a engagé un partenariat avec the Shift Project (oui, l’extraordinaire réservoir à penser de Janco Superstar) sur la formation à la transition dans les écoles de commerce. La présentation générale de « ClimatSup Business » et du rapport est disponible sur Youtube. Un chapitre particulier de ce partenariat est dédié à la formation des métiers de la finance.

Le rapport complet est disponible sur https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2022/12/Rapport-CSF-Final.pdf et la lecture en est passionnante car elle dépasse largement l’enjeu de la formation. Je n’aborderai d’ailleurs qu’à la marge ci-dessous ce qui est proposé, pour me concentrer sur l’analyse que fait le Shift Project de l’enjeu de la transition sur et pour la finance. Il permet de mon point de vue de gravir une première marche dans le défi majeur que représente pour le monde de la finance la perspective d’un monde où l’économie se « contracte » de 6% par an. 

J’en livre ci-dessous une lecture très orientée !

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Mission possible

En 1981, la première plateforme d’initiative locale venait de voir le jour et préfigurait le futur réseau Initiative France, sous la houlette de l’incroyable Jean-Pierre Worms, que j’ai eu le (b)honneur de connaître de relativement prêt (attention, jeu de mot très subtil). En 1981 aussi, le non moins exceptionnel Bertrand Schwartz publiait un rapport recommandant la création d’un autre OVNI local, dédié celui là à l’insertion des jeunes, les Missions Locales.

De mon côté, en 1981, je m’inquiétais surtout de rechercher le dernier album des Cure, l’exceptionnel « Faith », sans réaliser que mon futur univers professionnel était en train de naître et de changer le monde. A ma décharge, j’avais 9 ans.

J’ai eu la chance de pouvoir intégrer « l’univers » Initiative dès mon quart de siècle, sous le pilotage de Pierre d’abord puis de Bruno. J’ai du attendre le demi-siècle pour comprendre ce que faisaient les missions locales, grâce à l’excellent bouquin de Anne le Bissonnais, recommandé par le toujours très pertinent Benoit ! Ce livre commence à dater un peu (2009), mais il décrit de manière remarquable le métier, les enjeux et les situations vécues par les animateurs et les bénéficiaires des missions locales, à partir de verbatim et d’analyses par une professionnelle « de l’intérieur ».

Cette découverte « sur le tard » m’amène à publier ce qui est peut être une exclusivité mondiale, du jamais vu sur aucun site en ligne… une tentative de mise en parallèle des fondements des associations Initiatives et des Missions Locales. Encore une fois un sujet très niche, riche en rebondissements et en surprises. Je peux affirmer sur la foie d’une recherche google extrêmement élaborée que très exactement 2 700 pages citent à la fois « mission locale » et « initiative france ». C’est un bon début, mais je voudrais remonter un peu plus haut dans le monde de la théorie (vous savez, ce monde fabuleux où, comme le dit Pierre Desproges, tout se passe bien).

(NB : comme pour tous mes billets, les analyses et idées développées n’engagent que moi).

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Personne expérimentée qui souhaite partager son expérience en direct

Une fois n’est pas coutume, j’introduis ce post par la critique orientée d’un film. Il s’agit cette fois de « Coupez », l’excellente dernière livraison de Michel Hazanavicius. Comme souvent, j’en retiens une histoire de relation entre un père et sa fille et un hommage à la « geste » entrepreneuriale, à l’artisanat laborieux et appliqué. Dans ce film sur un film, rien ne marche comme prévu, personne n’est une superstar dans son domaine, l’idée fondatrice n’a aucun sens, mais chacun contribue à la réussite improbable du projet, avec ses limites, ses défauts, ses galères… Et, surtout, « l’entrepreneur » se réalise (au sens propre du terme !) au fur et à mesure que son aventure se déroule. Il parcours son « voyage du héros » qui lui permet en fait surtout de retrouver l’estime de sa fille, avec la petite originalité qui fait monter les larmes aux yeux : son mentor, c’est sa fille ! Tout y est donc : l’entrepreneuriat est moins une affaire de business plan et d’idée géniale que d’amour du métier, d’acharnement au quotidien et de parcours de confrontation à soi même, à ses peurs et à ses rêves. Vu comme ça, l’accompagnement à l’entrepreneuriat c’est autant la transmission de savoirs techniques ou d’expériences vécues que l’écoute patiente, confiante et bienveillante. Un rappel à l’ordre sur le risque à « s’habituer » à ce que vivent les entrepreneurs que l’on accompagne, à se rappeler que si pour nous c’est le 53eme rendez vous de la semaine, pour « lui » c’est l’aventure d’une vie. J’imagine que les médecins ont le même enjeu.

Sans vouloir systématiquement tout ramener à l’entrepreneuriat, la relation père-fille et le prêt d’honneur, je trouve malgré tout que la ritualisation du passage devant un comité « du territoire », le symbole d’exigence et de bienveillance que porte l’acte de prêter (et donc de faire confiance dans la capacité à se développer pour rembourser) sans intérêt et sans garantie (pas besoin, puisqu’on fait confiance), c’est très bien vu !

Mais ceux dont je voulais parler aujourd’hui, Live Mentor, c’est une bande de disrupteurs de la relation d’accompagnement à l’entrepreneuriat. Je les ai découvert dans un (excellent) podcast de Anais Pretot, l’une des associées fondatrices, sur l’edtech, ce qui est déjà un signe. J’ai d’abord apprécié la vision et le modèle économique, résolument tourné vers la formation professionnelle ; l’approche centrée sur « ce qui compte » (la vente, le digital, le marketing…) ; le focus sur les « petits » entrepreneurs, ceux du quotidien, pas ceux qui font la une des magazines ; le travail d’évaluation de l’action (distinguant la participation, la satisfaction et l’acquisition de compétences) et enfin la sensibilité à l’impact, notamment la recherche de clients en zone rurale.

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Expert, de quoi es tu le nom ?

Je poursuis ma « quête » sur le métier d’expert/consultant… ses pratiques, sa noblesse et ses enjeux ! Le 1er chapitre est à lire ici et beaucoup de mes posts éclairent cette question de manière indirecte….

Vous connaissez ce sentiment du skieur de 40 ans se remettant difficilement des virages qu’il venait d’enchaîner sur la piste noire et voyant débouler un enfant de 8 ans frondeur et insouciant, finissant tout schuss sa descente ?

Ce n’est pas très loin du sentiment de l’expert de 50 ans tout content d’avoir compris des « trucs » autour de son métier, de ses modes d’intervention et qui voit débouler une nouvelle génération de consultants et consultantes, ayant déjà tout compris et surtout l’écrivant de manière claire et concise !

Passe encore que j’ai ce sentiment là avec mes filles, ça reste en famille. Je l’ai eu hier en lisant la très belle thèse professionnelle de Solene Lepape autour des enjeux de la montée en compétence de communautés rurales dans le domaine de la gestion de l’eau.

Dans la droite ligne des écrits de Sardan ou de Marchesin, cette thèse professionnelle fait un point très précis sur ce qu’est un expert dans un contexte international, sur ses postures et, surtout, ouvre des pistes de réflexion sur des méthodes originales d’interventions.

Je reprends ci-dessous quelques points qu’elle développe et qui me paraisse particulièrement bien vus. Le document complet est disponible si vous me le demandez gentiment !

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vous recommande le visionnage de la très sympathique video de la toujours excellente association Lazare !

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Petites victoires

Ce papier prolonge ma présentation de l’effectuation (ici pour la déconstruction de ce qu’est l’entrepreneuriat et ici pour les 5 grands principes).

Je dois le confesser, il m’arrive de m’offusquer, de me plaindre, de faire, comme dirait avec perspicacité un ami mais néanmoins collègue, ma « Drama Queen« . Heureusement je suis un pratiquant de l’effectuation et notamment de son 3e principe, qui consiste à transformer les « citrons » en limonade !

Je dois le confesser aussi, il m’arrive de faire « mon colibri », de râler parce que des proches ne roulent pas à vélo, de me désoler que les épluchures ne finissent pas au composteur, à réfléchir à comment moins prendre l’avion et réduire ma consommation de viande… Et je ne comprenais pas bien pourquoi Silberzhan, le pape de l’effectuation, s’en prenait aussi vertement à ce pauvre colibri, qui aurait « toujours tort ». Ca ferait une belle jambe à la forêt trois malheureuses gouttes d’eau pour éteindre l’incendie et au final ça ne flatterait que l’égo du brave colibri (cf par exemple ce qu’il en dit ici).

Heureusement… je suis guéri ! Et c’est finalement encore une fois Silberzhan qui m’aura éclairé, remis sur la voie, Alléluia ! Intrigué par cette histoire de colibri, j’avais commandé l’ouvrage complet qui en parle, « Petites victoires » dont le sous titre (et si la transformation du monde commençait par vous) me paraissait prometteur et bizarrement « colibresque ».

En fait, c’est simple, tout est question de méthode. L’important c’est « comment » on fait. Pas tellement « pourquoi » on le fait. Cette idée qu’un projet, une boite (ou un projet) démarrerait avec une « vision », une analyse exhaustive et complète qui permettrait d’élaborer un plan solide et robuste… ne résiste pas aux faits et a souvent pour effet de « couper les ailes » aux aspirants entrepreneurs (« il me manque une bonne idée », « je n’ai pas d’argent, je n’y arriverai jamais », « pour réussir il faut être très différent de ce qui existe… ») ou d’engendrer des usines à gaz peu opérationnelles.

« Petites victoires » propose une méthode, des principes d’actions s’appuyant sur les grands principes de l’effectuation qui valent autant quand on veut changer le monde que démarrer sa boite ou conduire un projet.

Le coup de bol c’est que les principes méthodologiques défendus dans ce bouquin sont extrêmement alignés avec mes valeurs et avec les stratégies d’intervention (comme on dit chez nous les consultants !) d’Initiative France, pour qui je bosse dans le cadre d’une assistance technique au Maroc, pilotée par Expertise France.

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Elevation

Il y a 2 types de films ou de pièces qui m’émeuvent. Ceux qui parlent des relations père filles et ceux qui parlent d’entrepreneuriat. Sans que ce soit forcément un grand film, « Rumba la vie » a fait le job sur le premier thème. Sur le second, la pièce Elevation est un petit bijou de Mourad Merzouki, présenté au théâtre Mohamed V de Rabat dans le cadre du festival de cirque Karacena de l’incroyable école Shemsy.

Ce qu’en dit le Pitch officiel

Rassemblant les énergies, Elévation raconte cette jeunesse qui, se jouant des différences de chacun, se retrouve pour créer et s’élever ensemble. Ici, ces jeunes artistes expriment une histoire aussi sensible que puissante autour du partage et des rencontres permettant à chacun, quel que soit son parcours, de progresser. Avec une scénographie rappelant l’intérieur d’un atelier, les objets prennent vie pour devenir prétexte à création. Mêlant les disciplines artistiques, ce spectacle est une véritable ode au vivre-ensemble ! »Elevation » (ENC Shems’y/ENSATT Lyon/Pôle en Scène)

Quelques mots de contexte (pour éviter qu’il ne prenne sa revanche)

Au début était l’AMECIP, une association d’aide aux enfants précaires, qui existe depuis plus de 25 ans.

Cette association est à l’origine d’une école de cirque, Shemsy, il y a presque 15 ans. Cet art y est utilisé comme une voie de réalisation de soi, d’appropriation de son corps et d’insertion, depuis presque 15 ans. La formation de 3 ans débouche sur un diplôme d’Etat.


Je quote le site : « Le principe de formation adopté est celui de l’alternance entre des temps de formation à l’école nationale de cirque et des temps professionnels de spectacle, comme artiste et en régie technique, permettant d’explorer les différentes facettes du métier d’artiste dans le processus de formation. Ce mode de formation confronte les jeunes apprentis à la réalité du métier d’artiste de cirque et les incite à prendre conscience de l’importance d’un projet commun pour l’épanouissement individuel, de la nécessité de s’approprier un langage corporel et artistique singulier pour exprimer le monde qui les entoure. ». J’y retrouve beaucoup d’éléments de langage d’une école de danse qu’a suivi notre fille cadette à Nantes et qui abordait l’art comme un moyen de réalisation de soi et un moment de dépassement individuel pour la réussite d’un projet collectif.


En 2020, Shems’y compte 55 lauréats, 100% d’insertion professionnelle, 35 apprentis artistes en formation professionnelle, 80 jeunes en classe préparatoire au concours d’entrée et 200 enfants en socialisation chaque année.

Bref, il y a dans cette école du temps long, du focus, des résultats et un aller-retour qu’on sent permanent entre la confrontation au réel et la construction de pédagogies adaptées.

Et c’est de ce petit « cocon » qu’est né Karacena, une biennale des arts du cirque et du voyage. Je « quote » la aussi, car c’est mieux dit par eux que par moi :

De l’apprentissage artistique à la compétence artistique, la preuve par Karacena.

« Karacena, biennale des arts du cirque et du voyage, offre une plate-forme de première importance dans cette stratégie d’alternance en abordant des situations professionnelles variées, de l’intervention urbaine au spectacle sous chapiteau, de la présentation collective à la partition individuelle, du mouvement chorégraphié à la prouesse spectaculaire en passant par l’interprétation dramatique. Karacena est également un temps d’échanges interculturels par la réalisation de spectacles associant des artistes d’horizons professionnels variés et d’origines culturelles largement marquées par la Méditerranée (France, Maroc, Allemagne, Espagne, Portugal, Italie…). Depuis septembre 2009, l’École Nationale de Cirque Shems’y est un lieu de résidences artistiques et pédagogiques de compagnies de cirque européennes en partenariat avec l’Institut Français du Maroc. Shems’y accueille également les jeunes compagnies professionnelles marocaines qui ont besoin de développer de nouvelles créations et de les répéter. Shems’y développe également des projets de création artistique avec les apprentis en formation (projet Awal Qalam, d’écriture et de production de formes spectaculaires et innovantes). »

Bref, c’est une démonstration presque idéale de la mobilisation des principes d’effectuation pour provoquer de l’innovation sociale ! Pour reprendre les termes du récent billet du toujours excellent Philippe Silberzahn (à lire ici) cette expérience combine exploration et exploitation. C’est par l’action, la réalisation que nait l’innovation. Un long et patient travail, la création d’un cadre qui rend possible un travail en commun entre des compagnies européennes et de jeunes artistes marocains plutôt que par une longue phase de réflexion qui aurait abouti d’un concept magique et qui aurait ensuite été mis en oeuvre.

… Et au final, ça nous élève

En tant que spectateur, ce qui ressort du spectacle, au delà de sa grande beauté et maitrise esthétique, c’est une mise en scène de l’accompagnement ! Ou plutôt d’un type d’accompagnement. Je ne parle pas ici de l’accompagnement « généraliste », mobilisable dans des parcours de type FEST (formation en situation de travail) pour l’accompagnement à l’entrepreneuriat, qui repose sur une capacité à préparer, suivre et débriefer des expériences vécues, à leur donner une valeur pédagogique. Nul besoin pour cela d’avoir été soi même entrepreneur ni d’avoir une très haute technicité dans le métier.

Dans un deuxième type d’accompagnement au contraire, que l’on peut appeler « mentorat » si l’on veut, la maitrise du métier, l’expérience vécue est essentielle. Je la connais bien dans le monde de l’entrepreneuriat, je l’ai vu à l’oeuvre dans le monde du cirque à l’occasion de ce spectacle ! Le fond dans ce cas c’est de mobiliser sa distance à l’autre, qui est à la fois proche (les artistes avaient à peu près le même âge, partageaient une passion…) et loin (les artistes de l’ENSATT de Lyon avaient clairement une maitrise technique acquise depuis plus longtemps) pour l’ « élever » plutôt que de »l’écraser » (que ce soit par des injonctions, du jargon excessif, une utilisation de l’autre comme un faire-valoir »…).

Et alors c’est vraiment ça qui était beau dans ce spectacle. L’impression du partage par les artistes d’un « destin commun », du partage d’un espace, des sourires en coin, l’impression que chacun recherchait le geste le plus abouti à son niveau, et aidait l’autre à le trouver.

L’inverse en fait de certains spectacles de danse pour enfants où le/la prof peut avoir tendance à se servir de ses élèves pour « briller », « démontrer »…

Depuis que j’ai un fille designer, je suis également plus sensible au « beau », à l’importance de l’esthétique, de la forme, pour faire passer des messages. Ce qui est évident et simple est en général beau, mais pas toujours facile à décrire avec des mots ! Je m’en rends compte en écrivant ce billet, comme je m’en rends compte lorsque j’essaye d’expliquer « l’évidence » du modèle associatif d’Initiative France dans les territoires ! Mais c’est une autre histoire… !

En état de sobriété avancée

Super Janco a encore frappé ! Et cette fois aux Universités d’Eté du Mouvement Impact France. Au rythme où vont les choses ça va bientôt paraître ringard et conservateur de parler de sobriété.

Le Mouvement Impact France, ex MOUVES, a toujours été un très sympathique et stimulant repaire d’entrepreneurs « à impact » de tout poil. Qui avait tout de même il faut bien le reconnaitre une légère tendance à la startupisation et la dépolitisation du débat sur l’impact. Avec son corollaire « d’évidence » : « on peut faire de l’impact sans sacrifier la rentabilité et la croissance ». So 2021 ! Les modèles voyageurs ont changé et sans vouloir faire mon malin, je me sens beaucoup moins seul à penser que non, face au mur, aux enjeux climatiques et énergétiques, on ne peut pas tout combiner. Que quelqu’un, quelque part, va devoir faire un sacrifice, que ce soit l’entrepreneur, l’actionnaire, le client, la collectivité. Et alors Janco superstar a eu 2 très belles sorties à ces universités :

  • une définition très pédagogique des formes d’économies d’énergie. C’est pas compliqué, la première manière, la plus simple et confortable, c’est l’efficacité énergétique (on consomme moins de ressources pour produire ou consommer, on a plus de lumen par watt, plus kilomètre par litre d’essence…). Ca fait plaisir à tout le monde mais la bonne nouvelle c’est qu’il n’est plus obligatoire aujourd’hui de démontrer que ça ne suffit pas. La deuxième manière, c’est la sobriété. Une acceptation planifiée et désirée de réduire son usage d’un service ou d’un confort (on baisse un peu le chauffage ou la clim, on renonce à un voyage en avion…). C’est plus difficile mais c’est désiré. Et la troisième manière, c’est la pauvreté. La pauvreté c’est comme la sobriété mais ce n’est pas désirée (je renonce au voyage en avion non pas parce que socialement et physiquement c’est quand meme plus sympa de faire une randonnée à vélo, mais parce que le prix du billet a été multiplié par 10 ou que les vols sont rationnés).
  • un constat « physique » implacable. Pour contenir le réchauffement à 2 degrés (ce qui provoquerait déjà des trucs pas très rigolos), il va falloir réduire l’utilisation de l’énergie de 5% par an et en conséquence la croissance de 2% par an (soit l’équivalent de l’impact du covid).

Ca pose l’enjeu exactement au bon endroit pour les entrepreneurs à impact. Certes, il reste intéressant de trouver des voies d’efficacité, d’amélioration mais le vrai enjeu, la vraie excitation, le vrai défi, le vrai plaisir à entreprendre c’est la recherche de nouveaux modèles, qui créent du désir et de l’envie, qui permettent la sobriété plutôt que la pauvreté. Ca veut dire aussi qu’innover pour démontrer que c’est possible, chercher des chemins de traverse… prend un autre sens.

La vraie nouveauté je trouve, probablement parce que le constat est peu polémique et aujourd’hui très partagé, c’est que peu à peu, l’ensemble des professionnels, des chercheurs, des politiques, commencent à se mouler dans ce type de raisonnements. Les financiers sont encore en retard. Le discours moyen reste celui au mieux d’une réduction de la rentabilité pour gagner en impact. Mais le jour où l’intelligence des gestionnaires de fonds se dédiera à des modèles compatibles avec une économie qui se contracte de 2% par an, on aura fait un énorme pas.

Il semble que les générations qui arrivent aient « embarqués » cette vision du monde. Ca donne de l’espoir !

Je t’aide moi non plus

Je rends compte dans ce post d’un intéressant pavé rédigé par Philippe Marchesin, qui a trouvé un titre dont je suis jaloux : « je t’aide moi non plus ».

Il fait partie d’une trilogie (purement de mon invention) qui démarrerait par la revanche des contextes, le meilleur livre du monde sur la coopération internationale et s’achèverait sur le très bon opus de Rémy Rioux et Achille Mbembe, « Pour un monde en commun ». Ce dernier redonne de l’espoir et ouvre sur l’idée que la critique est importante, mais n’est utile que si elle permet de construire. Il « boucle » sur la revanche des contextes en proposant à la coopération internationale, non pas « d’atterrir » dans les contextes où elle agit, mais de s’inspirer, d’apprendre, dans ses méthodes, ses modes d’interventions, de pratiques, d’histoires, de sciences… « africaines ».

Ces 3 ouvrages sont denses et le mieux reste de les lire. Ils font cela dit l’objet de nombreux podcasts en ligne.

Avant de rentrer dans le détail du contenu de ce livre, quelques propos liminaires :

  • Philippe Marchesin part d’une notion qui nous parle beaucoup chez Initiative France, la gratuité, qui fonde l’imaginaire de l’aide. Hors, c’est un cliché bien connu des marketeux de chez Google, « Quand c’est gratuit c’est toi le produit » (ou chez les marketeux de chez Danone : le fromage est gratuit dans le piège à souris ). Autrement dit, il importe de sérieusement se poser la question de l’intérêt du donneur, à partir du moment où il propose l’aide gratuitement. Entre parenthèse, les assemblées générales, conseils d’administration ou pots entre collègues d’Initiative France font partie des lieux les plus stimulants de la réflexion sur le sens de la gratuité !
  • De la même manière que Jean Pierre Olivier de Sardan, le grand mérite de ce livre est de prendre au sérieux les contextes de déploiement, mais aussi de conception, de l’aide. Non, cela ne va pas de soi. Non, aucun expert n’a le don d’imaginer ce qui fonctionnerait « naturellement » avant de le « redescendre » dans un contexte qu’il s’agirait de travailler. L’appréhension, la prise en compte des « contextes », de déploiement mais aussi (j’incite) de conception demande du temps, de la méthode, de l’effort.

  • L’autre mérite de ce livre c’est de s’attarder sur un domaine pointu, au travers d’une étude longue (600 pages), sérieuses, documentée, essentiellement à partir d’entretiens avec des personnes. Ca résonne fortement avec les pratiques que nous avions au sein de Synergies Créateurs, partir de la parole, des pratiques, de praticiens plutôt (ou au moins en complément) des institutions dans lesquelles ils agissent. On sent dans ce livre l’immersion, la parole « chaude ». Complétée par des parcours biographiques, des faits (même si les chiffres sont étonnamment tous datés). Etonnamment, l’étude est quasi entièrement « à charge », là où il aurait été agréable que la richesse des intervenants dégagent une impression de complexité. Rémy Rioux et Achille Mbembé sont plus crédibles dans leurs échanges sur cet aspect.

Surtout, il serait intéressant de « confronter » cette analyse à charges aux tendances, réflexions, faits plus récents que ceux cités. Il reste une étude très fouillée, salutaire pour tous les professionnels de l’aide au développement, qui réussit à montrer comment les pratiques « locales » font système.

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