Jeune pousse un jour, jeune pousse toujours

Un des trucs que j’aime dans le « geste » entrepreneurial, c’est cette opportunité que ça offre de rencontrer un tas de gens très différents, mais tous en général très bienveillants et très engagés, à leur manière et sur leur périmètre. 

Je me rends compte à nouveau de ça dans mon projet « du moment », la collecte des biodéchets des professionnels en Mayenne. Un projet ambitieux s’il en est, typiquement dépendant d’un time to market très difficile à estimer, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il répond à un besoin à la fois environnemental et de marché mais assez complexe à traduire en chiffre d’affaires et en marge !

Ce projet a pu démarrer grâce à quelqu’un dont on s’attend à ce qu’il soit exceptionnel, un dirigeant d’entreprise d’insertion qui collecte déjà des déchets tertiaires diffus (carton, papier…), bien implantée sur Laval, qui combine son engagement social à un grand sens du développement entrepreneurial et de l’analyse des opportunités et des acteurs sur un territoire. Comme ce « patron » est quelqu’un de bien, il est évidemment entouré de plein de gens formidables dans son conseil d’administration. L’un d’entre eux s’est pris au jeu des biodéchets, a une longue vie dans l’administration territoriale et donne sans compter de son temps, de ses visions et de ses contacts pour faire avancer une étude de faisabilité.

Jusque là, rien de plus normal après tout. On est en plein dans une démarche d’effectuation comme je les aime. On part d’une idée, d’une vision, on rencontre, on batit au fur et à mesure des retours… On voit plus ou moins ce qu’on est prêt à perdre les uns et les autres et on prie très fort pour qu’un projet naisse !

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Terre ouverte

L’émission de Carnets de Fête (France Culture) sur Open Lande c’est comme le bouillon une veille de réveillon : apaisant, rassurant, à écouter avec plaisir et sans modération.

Pour ceux qui auraient oublié, Open Lande c’est cette expérience nantaise improbable qui « fabrique des projets évolutionnaires » ! Difficile à décrire, j’ai la chance de le vivre en tant que membre du jury et qu’accompagnateur d’un beau projet qui mélange permaculture et handicap.

A écouter sur https://lnkd.in/gbS2UGe

 

Au Garot

Chaque année qui passe nous rapproche de 2025, cette année qui est pour les gazdeshisteurs ce que l’année 0 devait être pour les premiers chrétiens.

Et qui pourtant ne semble pas inquiéter plus que ça les élus, restaurateurs particuliers… qui vont tous, oui tous (nous simples quidam compris), avoir l’obligation de trier leurs déchets organiques à la source dans maintenant 6 ans. Trier à la source ça veut dire aussi que les collectivités procurent à leurs administrés des voies d’évacuation vers le compostage ou la méthanisation.

Dores et déjà, depuis 2 ans, on devient un « gros » émetteurs à partir de 10 tonnes de déchet organique produit par an (on en était à 12 fois plus il y a 10 ans). Les moyennes surfaces, les grands restaurants, quelques EHPAD… sont concernés. Quelques activistes font appel à des services comme la Tricyclerie à Nantes, ou Label Verte à Angers pour composter en pied d’immeuble, d’autres compostent dans leur cour d’école… Les (très) gros émetteurs sont déjà collectés et connectés à des filières d’évacuation. Entre les deux, pas grand chose hors de Paris (ou des pure players comme Moulinot et Love Your Waste imaginent des solutions efficaces). Et donc un joli marché à fort potentiel mais encore désorganisé, donc des opportunités. Ce qui est encore aujourd’hui une démarche essentiellement de communication va devenir une règle dans pas si longtemps que ça (une mandature municipale en fait).

Comme dans l’énergie, comme dans tout ce qui touche l’environnement, mieux vaut d’abord réduire avant de mieux utiliser. Et alors figurez vous que coup de bol… c’est en Mayenne que tout a démarré. Enfin, pour être tout à fait précis, c’est au député de la Mayenne, Guillaume Garot, que l’on doit un rapport qui fait autorité et qu’il faut lire pour comprendre l’ampleur du gaspillage alimentaire (grosso modo, une famille de 4 personnes « jette » chaque année le poids de son chef de famille, si l’on prend comme base 20kg de gaspillage alimentaire par an et par personne ; et même 140kg par an et par personne si l’on considère l’ensemble de la chaîne alimentaire) et les mesure à prendre pour le limiter. A lire sur rapport-gaspillage-alimentaire_cle0ea927.pdf | Alim’agriagriculture.gouv.fr/file/rapport-gaspillage-alimentairecle0ea927pdf et à méditer avant de faire ses courses pour le réveillon !

 

 

A Fontaine Daniel…

Il y a des lieux comme ça…. Après le marché de Badaro, après Au Local à Aze, j’ai découvert la semaine dernière un petit lieu comme je les aime ! A Fontaine Daniel, au coeur d’une région industrielle du Nord Mayenne, surplomblant un petit lac, la très dynamique Honorine a regroupé les forces vives du territoire et occupé assemblé en un seul lieu une librairie, un café, un primeur et une épicerie étonnamment bien achalandée. Le projet est rentable après 3 ans, il est organisé en SCIC (pour les non initiés, une genre de SCOP qui associe à son capital non seulement les salariés mais aussi les collectivités, les clients…). Un projet comme la Mayenne sait en produire, moins « buzz et communicants » qu’à Paris mais hyper efficace et sincère, qui transpire de belles valeurs et où on se sent bien. Un lieu « chaud » ! A découvrir sur  https://www.facebook.com/pages/category/Shopping—Retail/LEpicerie-de-Fontaine-Daniel-169300510100413/

Libéréééée. L’arène des neiges et le canard déchainé

J’ai bien conscience du caractère quelque peu ésotérique du titre de ce post. Il a pourtant un sens profond qui fait référence au concept de l’entreprise libérée.

Mes expériences dans l’économie sociale, auprès d’associations, de SCOP, de permaculteurs auraient du m’amener à m’y intéresser bien avant ! D’autant plus que ma visionnaire d’épouse m’avait offert il y a 2 ans déjà une BD très bien foutue sur le sujet, et publiée aux très belles éditions des Arènes (d’où le titre). Mais c’est à Laval, dans le cadre d’une discussion avec une très belle et prometteuse start up de navires autonomes que mon esprit s’est de nouveau éveillé à cette vision !

Au fondement de l’entreprise libérée, il y a une division simple du monde. D’un côté des productifs, des salariés qui bossent vraiment pour produire ou ramener des clients. De l’autre des improductifs, dont je suis un parfait représentant, des salariés qui contrôlent, qui organisent des process, qui font de la veille… des fonctions support, des cadres intermédiaires. Cette division est inefficace car elle concentre les ressources principales de l’entreprise sur le contrôle et prive l’entreprise d’une interaction rapide entre le « terrain » et ceux qui en sont le plus proches ; et « pathogène » car elle prive les salariés de l’autonomie à laquelle ils aspirent et du plaisir au travail.

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Xav et Max, Gilles et John

Il y a deux mecs dont on parle tout le temps en ce moment, Gilles et John, qui semblent mettre un sacré bazar dans les rues parisiennes et les carrefours provinciaux.

J’ai préféré vendredi dernier rencontrer deux autres mecs, qui mettent un sacré bazar dans les allées propres de l’agriculture conventionnelle et les Carrefours nationaux. Xavier Mathias, donc, s’est installé dans le délicieux bourg de Chedigny (je recommande à tous les amoureux de venir passer une nuit là bas !), en Touraine, il y a une quinzaine d’années. A l’époque, les céréaliers du coin ne voyaient pas d’un très bon oeil une installation en bio dans le village. Aujourd’hui, autres temps, autres moeurs, les voisins de Xavier ont converti quelques centaines d’hectares en bio, la permaculture est à la mode et Xavier continue d’expérimenter, échanger, communiquer… sur ce qu’il fait.

Max (ime de Rostolan), lui, a fondé Fermes d’avenir avec l’idée de démontrer qu’une petite ferme permacole pouvait à la fois sauver le monde et nourrir l’agriculteur qui s’en occupait. Ca aurait été un chouette modèle pour les nombreux « néo ruraux » attirés par le mode de vie à la campagne, soucieux de faire leur révolution intérieure et d’impacter le monde (vous l’aurez compris, tout ce que je dis là est le fruit de ma propre interprétation, bien sur !!). Manque de bol, ca ne semble pas être possible. Pour survivre, ces fermes ne peuvent pas se contenter de la vente de leurs légumes. Quelques expériences « limites », comme celle de Jean Martin Fortier que j’ai relaté ici, au Canada, y arrivent mais dans leur très immense majorité, il faut à ces fermiers du futur combiner des formations, des visites de fermes… pour boucler les fins de mois.

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Le début des haricots

Parmi les nombreuses activités folles que je n’aurais jamais imaginé faire il y a 10 ans, je suis mentor d’un projet très séduisant qui tâche de méler permaculture et intégration de personnes à handicap. Ce projet est incubé par l’incroyable incubateur OpenLande, dont j’ai déjà vanté sur ce site la construction d’une fabrique de projets évolutionnaires. Pour ceux qui n’avaient pas suivi, c’est sur https://openlande.co.

Tout cet univers est décidément une mine de bons jeux de mots, qui masquent parfois du vide, mais parfois pas !! En l’occurence, ladite porteuse de projet évolutionnaire m’avait proposé de déjeuner dans un concept tout à fait réjouissant de café/bistro/restaurant/épicerie solidaire, bio et local. Ce lieu, donc, s’appelle La Grande Barge et est surtout porté par le collectif du début des haricots. Très très bien vu ce nom. Et je reste fasciné par cette recherche de modèle économique et d’impact adapté. La grande barge, donc, fait à manger comme un restaurant, vend sur le même lieu des produits bio, mais organise aussi des paniers type « ruche qui dit oui », en ne s’appuyant par contre que sur des lieux associatifs pour la distribution des paniers (4 à Nantes aujourd’hui), en prenant une marge plus réduite que les ruches (11% si je ne me trompe pas), et en centralisant dans le restaurant le stockage, les commandes et les expéditions des produits d’épicerie. Tout ça s’appelle « micromarche » et est géré par une SCIC, une forme coopérative originale qui associe clients, producteurs, parties prenantes… dans un même bateau.  C’est à explorer sur https://www.micromarche.fr

Comme MangerBio 53, cette opération utilise l’application « panier local » pour la gestion des commandes. Un autre business model, celui de cette start up nantaise qui propose un applicatif pour que tout un chacun puisse innover en matière de circuits courts. Sans compter que la Légumerie 53, dont je parlais la semaine dernière, compte proposer un service de centralisation des commandes et de livraison en circuit courts auprès des lieux de restauration hors domicile. On est clairement dans une phase de fourmillement réjouissant.

Grosse légume rie

Ce titre n’est pas un hommage à la grosse légume Ghosn qui rirait bien qui rirait le dernier !

Mais à ma visite à la Légumerie 53. Une très belle structure qui mélange insertion, alimentation et agriculture en Mayenne.

Au passage, cette visite se déroulait dans le cadre de ce nouveau format qui semble séduire les initiatives pionnières, submergées de gens plus ou moins intéressés souhaitant les rencontrer, les visiter, s’inspirer. Leur bonne idée c’est de transformer des centaines de visites pendant lesquelles ils transfèrent leur expertise gratuitement et pendant ce temps n’ont plus le temps de produire ; en des demi journées organisées pendant lesquelles ils réunissent les gens intéressés, une fois par mois par exemple, leur font un bon déjeuner, une visite des installations et monétisent l’ensemble (35 euros hier). Très bon modèle, c’est très légitime de payer l’expertise accumulée et transmise, et ça permet aussi de rencontrer dans le public des gens qui partagent des projets proches. Hier par exemple, des responsables de cantines scolaires, un patron de jardin de cocagne, un responsable de fonds d’impact, une jeune acheteuse de Carrefour dégoutée qui voulait redonner du sens à sa vie… Tout ce petit monde pensant à monter des légumeries dans la Sarthe, en Ile de France, dans le sud de la France… ! Pour mes lecteurs fidèles, c’était aussi le modèle de La Tricyclerie et je recommande vraiment ce format à ceux d’entre vous qui avaient de belles idées et l’envie de les répliquer.

Pour en revenir à la légumerie 53, les plus pressés peuvent consulter la page facebook (https://www.facebook.com/La-légumerie-53-1648236002057229/timeline/, en se rappelant qu’ils sont meilleures dans la production que dans la communication en ligne).

De mon côté, quelques « lessons learned » :

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Racines du Ciel

Yallah habibi amaziiiing incroyable ! Je découvre par hasard que le Commerce du Levant, meilleur magazine de business libanais du monde, met en valeur ce mois ci Rahed, le permaculteur libanais de l’impossible, qui a fait mon bonheur pendant 2 ans sur le marché de Badaro, dans sa ferme de Lessa… a consulter urgemment sur 1:26Au Liban, le défi des modes de culture alternatifs ne serait ce que pour le petit cours de grelinette dans la séquence d’introduction !!

Les chats ne font pas des chiens…

C’est bien connu, les chats ne font pas des chiens, et je suis vraiment très heureux que ma fille Natacha ait hérité de son père ce sens de la synthèse, cet amour de la formule, cette capacité d’analyse et de recherche, cette précision dans la manipulation des idées… Et comme elle tient à présent une rubrique dans la newsletter de Paris&Co dans le cadre de sa thèse sur un thème qui ne me laisse pas indifférent, je vous recommande, en toute objectivité, la lecture de son billet sur http://incubateurs.parisandco.com/Actualites/A-la-une/Une-doctorante-a-Paris-Co.